Savez-vous comment se passe la récolte du maïs bio ? Dans les lignes qui suivent, nous vous faisons visiter une productrice biologique pendant la récolte de son maïs. C’était le 27 juillet 2024 dans un coin de Fokamezo.
La récolte, une nécessité après avoir produit
La récolte est une activité cardinale d’un cycle de production agricole. Mal gérée, l’activité agricole concernée est un échec. La maïsculture peut en être une. D’ailleurs, les pertes post récoltes du maïs font bien partie des 40% des pertes post récoltes dont déplorait la FAO en 2019. Elle a donc besoin d’être bien préparée et gérée avec tact. Mme Tsafack Lucie, productrice biologique encadrée par le Groupement d’Appui pour le Développement Durable (GADD) en a la pleine conscience.
Il faut choisir les jours de récolte en espérant qu’il n’ait pas de pluie diluvienne ces jours-là. Car, une fois la maturité physiologique atteinte, il est fortement conseillé de procéder à la récolte en temps sec. La période des récoltes dépend généralement de la variété, et de la date des semis
Ce samedi 27 juillet 2024, la productrice bioécologique Tsafak Lucie cordonne la récolte de son maïs bio. Dans un coin de Fokamezo, elle est allée ce jour avec enfants, coépouse, époux et une main d’œuvre extrafamiliale de cinq personnes. Tous∙tes s’affairent à récolter le maïs bio. Il faut du courage et de la détermination. Car, comme le reconnait à fort propos la productrice, « la récolte n’est pas de la blague. Tu t’amuses les choses vont se gâter au champ ».
Ce maïs semé les 19, 20 et 21 mars de l’année courante est de la variété Kassaï (CHC201). Elle produit régulièrement autour de cinq tonnes à l’hectare. Plus tôt, il avait été acquis chez une autre productrice du même groupe local des producteur∙ice∙s. Pour une fois encore, cette semence paysanne a démontré sa résistance vis-à-vis des maladies. En effet, issue de la même zone agroécologique, elle n’a pas eu de difficulté majeure à s’adapter au climat de séant. Elle l’a aussi fait à travers une bonne résilience au changement climatique. C’est ce qui fait qu’en dépit des perturbations que signalait l’ONACC dans sa publication du les plants se sont bien comportés et la production à la hauteur des attentes.
Le maïs biologique offre un meilleur rendement
Dans les conditions optimales, le biologique offre un meilleur rendement. Au fait, posséder une semence bio résiliente comme cette productrice est une garantie. L’autre garantie réside dans le fait que le sol régulièrement nourrit par des fertilisants biologiques, est capable de fournir à la plante tout ce dont elle a besoin pour bien grandir et bien produire. Ces fertilisants bios sont des bios-régulateurs. Ils ne sont pas les seuls. Les nématifuges, les insectifuges, les herbifuges sont autant de bios régulateurs qui créent un environnement favorable à la bonne croissance de la plante nécessaire à elle pour bien produire.
Après que ces garanties aient été réunies, deux autres sont nécessaires. La première est l’élimination régulière des plantes concurrentes. Notre productrice l’a fait deux fois pendant cette campagne. La deuxième est de récolter au bon moment sans qu’il ne pleuve tellement au-dessus. C’est un jour fatigant mais agréable.
Le plaisir de récolter en paysannerie
L’agréabilité se vit à travers de nombreux faits qui agrémentent cette journée. D’abord, le fait de se retrouver, d’être ensemble. C’est l’occasion de se connaitre lorsqu’il y a des personnes d’une certaine étrangeté de la famille comme ce 27 juillet 2024. C’est aussi l’occasion de raffermir les liens à travers les causeries conviviales, des conseils de vie, le partage d’expériences. Même si l’on hausse souvent le ton aux enfants qui ne manquent pas de créer des occasions pour jouer, c’est juste pour leur apprendre un peu plus de discipline, la continuité d’une bonne action engagée malgré de nombreuse raisons qu’il y aurait à abandonner.
Ensuite, le fait de l’évidence des gros épis. On s’imagine le plaisir à les dégréner à la main non parce qu’il n’y a pas de machine à dégrainer. Mais surtout parce qu’en dégrainant la quantité suffisante pour la cuisson du jour, les parents ont une autre occasion pour causer avec les plus jeunes.
L’agréabilité réside aussi dans la répétition de certains gestes ancestraux : se rapprocher du pieds du maïs, détacher l’épis de la tige, le mettre à l’intérieur d’une hotte que l’on porte sur le dos quand c’est le cas ou dans un sac que l’on tient à proximité. Faire exactement ainsi suppose que le maïs que l’on récolte soit destiné au grenier. Ici, grâce au constant feu du foyer qu’il surplombe, le maïs va vite sécher en commençant par les feuilles qui le recouvrent. Les meilleurs épis fourniront de la semence paysanne pour l’année suivante.
Pour le maïs destiné au crib, on déspathe sur place avant d’acheminer (certain∙e∙s producteur∙ice∙s préfèrent cependant ne pas le faire immédiatement au pied de la plante. Elles/ils rassemblent une bonne quantité avant de déspather). Ainsi, à l’aide d’une pointe que l’on a pris la peine de retenir au poignet avec une ficelle, l’on créé une fissure dans les feuilles au bout de l’épis. On peut dès lors déspather assez facilement.
L’agréabilité réside aussi dans la consommation de la « nourriture du travail ». On est convaincu et persuadé que chaque travail a sa nourriture. Elle peut varier. Pour ce jour, c’est du haricot bouillit frit accompagné des racines de manioc cuit au feu doux. Tout ceci accompagné du vin blanc frais que le père de famille fait venir pour la joie de tous∙tes.
Armand Blaise Tagne, responsable communication et plaidoyer ProCVBio3